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Des changements importants pour la formation de nos futurs enseignants

Nous avons rencontré la Directrice du Département Pédagogique, Marie-Agnès Boxus, qui nous livre les principaux enjeux de cette réforme qui sera d’application à partir du mois de septembre prochain ainsi que les nouvelles opportunités de formation que propose la Haute École Charlemagne.

La réforme de la Formation Initiale des Enseignants, avec le passage à 4 ans, on en parle depuis des années. Cette fois-ci, c’est la bonne ?

Oui, cette fois-ci, nous y sommes. Nous sommes dans la dernière ligne droite de la préparation de nos onze futurs Masters en Enseignement, que nous comptons bien ouvrir dès septembre 2023.

Quels seront les grands changements amenés par cette Réforme ? À quoi faut-il s’attendre ?                           

J’évoquerai quatre changements, principalement.Il y a évidemment l’allongement des études à 4 ans, ce qui donnera plus de temps aux étudiants futurs enseignants pour acquérir les compétences de base du métier, qu’elles soient liées à la maitrise des disciplines d’enseignement, aux aspects psychopédagogiques/méthodologiques ou au processus de développement d’une identité professionnelle.

Ensuite, l’évolution des formations vers le niveau de Master est également une étape importante. Non seulement elle signifie un niveau d’exigence accru par rapport aux savoirs, notamment dans le développement préconisé des liens avec la recherche en éducation, mais elle confère également des lettres de noblesse à la formation des enseignants de l’Enseignement Obligatoire. À mon sens, il était temps. Les enseignants de l’Obligatoire jouent un rôle essentiel dans le devenir de nos sociétés. Le métier est (de plus en plus) complexe et il mérite largement qu’on s’y intéresse et qu’on le valorise à sa juste valeur. 

Par ailleurs, la collaboration avec l’Université de Liège a été envisagée depuis le début du processus dans une perspective de complémentarité des expertises, l’Université pouvant apporter des éclairages sur des questions pointues et sur les avancées de la recherche, là où le Département pédagogique de la Haute École Charlemagne a une expérience et une expertise reconnues dans la formation initiale et l’accompagnement sur le terrain des futurs enseignants. Ainsi, l’Université de Liège interviendra pour une trentaine d’heures de cours en 1re année, soit 5 crédits (sur 60), puis pour 10 crédits en 2e année, sur des questions déjà plus spécifiques, enfin 15 puis 30 crédits en 3e année et en année de Master, où les approches sont de plus en plus pointues.

Enfin, un autre changement majeur a trait à ce que l’on appelle les « empans », qui sont les tranches d’âge du niveau d’enseignement auquel l’enseignant se destine. Ainsi, les instituteurs dits « de maternelle » (future « Section 1 ») pourront désormais accompagner les enfants depuis la classe d’accueil (2 ans et demi) jusqu’à la 2e primaire (7-8 ans). Les instituteurs primaires (future « Section 2 ») pourront prendre en charge des classes allant de la 3e maternelle à la 6e primaire. Les étudiants que l’on appelait précédemment les « régents » (ou AESI) de l’enseignement secondaire inférieur (future « Section 3 ») pourront accompagner des classes d’élèves ayant entre 9-10 et 15-16 ans, de la 5e primaire à la 3e secondaire, qui clôture le Tronc Commun.

Un peu avant, vous avez évoqué l’ouverture de « onze » masters en enseignement. Or, actuellement, votre catalogue propose 9 formations liées à l’enseignement. Quels sont les deux « petits nouveaux » ?                                                  

En effet, en septembre 2023, deux toutes nouvelles formations vont être proposées aux Rivageois, à savoir les Masters en enseignement en « Français – Education Culturelle et Artistique » et en « Français – Langues anciennes », qui viendront compléter nos actuelles formations en « Français-FLE » et « Français – EPC ». Nous croyons beaucoup au potentiel de ces deux variantes et, pour la seconde, liée aux langues anciennes, nous serons les seuls à l’organiser sur la place liégeoise !

Qui plus est, à ces onze masters qui figureront dans notre offre de formation, il faut ajouter le Master en Education artistique et musicale, auquel nous participerons comme partenaire de co-diplomation avec le Conservatoire Royal de Liège. Nous sommes particulièrement heureux de cette collaboration avec le Conservatoire. 

Ces Masters en enseignement seront-ils également ouverts sur vos campus de Huy et de Verviers ?                            

Les Masters en enseignement « Section 2 » (Instituteur primaire) ouvriront effectivement à Huy et Verviers en septembre 2023, dans le prolongement des formations en Instituteur primaire qui y sont déjà organisées. Ces deux campus sont réputés pour leurs pratiques innovantes et pour la qualité de l’encadrement des étudiants et des projets qui y sont menés. Nous souhaitons qu’ils continuent de jouer ce rôle d’explorateurs et de laboratoire pédagogique. Nous avons étudié de près la question de la mobilité pour les étudiants qui s’inscriraient sur ces deux campus et notre plan « tient la route » (c’est le cas de le dire) et est finalement moins contraignant que ce que nous craignions au départ, en raison de la localisation avantageuse de nos campus. Une capsule vidéo sera consacrée à la gestion de cette mobilité de l’étudiant de Master au printemps 2023.

Il a été question d’un stage long rémunéré en année de Master. Qu’en est-il ? 

La nouvelle version du décret élimine définitivement la notion de rémunération, qui créait trop de biais dans la mise en place d’un tel stage. Par contre, le concept du stage long qui s’étalerait sur plusieurs mois a été retenu, avec les objectifs principaux de consolider les compétences de base et de préparer l’entrée dans le métier via une expérience d’intégration la plus complète possible au sein d’une équipe de terrain. Les modalités d’organisation et d’encadrement de ce stage long sont actuellement l’objet de concertations au sein d’un groupe de travail de la COCOFIE, coupole chargée de la supervision de la mise en application de la Réforme. Une fois que les balises générales auront été fixées, nous comptons bien construire le dispositif concret du stage long en concertation avec le terrain et les écoles partenaires qui accueillent déjà régulièrement nos étudiants en stage. Nous ne souhaitons pas travailler en vase clos. C’est une question de respect mutuel à avoir entre partenaires d’un même système éducatif.

On a aussi évoqué un examen d’entrée basé sur la maitrise de la langue française. Cela se confirme ?                         

Il est abusif de parler d’examen d’entrée. Effectivement, il y aura bien un test de maitrise de la langue française évaluant les compétences de compréhension et de production de textes explicatifs et argumentatifs propres à l’Enseignement Supérieur. Ce test aura lieu tous les ans en octobre et sera facultatif mais il permettra, dans notre Haute École, pour ceux et celles qui le réussissent, de valider automatiquement les 5 crédits dédiés au cours de maitrise de la langue française au programme de la 1re année. Pour ceux et celles qui échouent à ce test en octobre, il s’agira simplement de suivre ce cours de français à 5 crédits et de passer en juin un examen répondant aux mêmes objectifs. C’est une façon de sensibiliser les étudiants à l’importance d’avoir un bon niveau de langue française au moment d’entreprendre des études supérieures, en particulier dans le cadre de la formation initiale des enseignants.

Nous sommes régulièrement interpellés par des étudiants déjà inscrits dans le cursus, qui s’inquiètent de leur sort s’ils ne valident pas tous les crédits de leur programme cette année. Pouvez-vous les rassurer ?               

Malheureusement, malgré l’interpellation récurrente des Directeurs des Départements pédagogiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous ne disposons pas encore, à l’heure actuelle, d’un cadre juridique balisant les mesures transitoires à mettre en œuvre pour les étudiants en cours de formation pour devenir enseignants. La Réforme de la formation initiale entrera en vigueur progressivement, une année à la fois. À l’heure actuelle, en décembre 2022, nous ne pouvons qu’encourager les étudiants de 1re année à mettre toutes les chances de leur côté pour valider au moins 55 des 60 crédits à leur programme à l’issue de leur première année de formation, en aout 2023. Cela leur donnera accès de plein droit à la 2e année de leur formation et leur garantira la possibilité de poursuivre leurs études et de les clôturer en 3 ans, quitte à reprendre une année supplémentaire pour suivre le master de transition qui sera très probablement mis en place en 2026-2027 s’ils souhaitent consolider leur formation et accéder au barème supérieur « 401 » des futurs Masters en enseignement.

Par ailleurs, pour les étudiants qui ne valoriseraient pas 55 crédits au moins, nous avons l’intention de favoriser leur réinscription dans les nouveaux masters en 4 ans, en accordant un maximum de dispenses pour les crédits acquis dans « l’ancien système ».

Nous savons, par la presse, que le monde de l’enseignement est sous pression depuis plusieurs années. La succession de réformes d’envergure pèse sur le moral des équipes enseignantes. Comment les enseignants du Département pédagogique de la HECh vivent-ils ces années de réformes ?                                                                       

C’est compliqué. Je ne vais pas mentir. Il y a d’abord eu la réforme Paysage et ses rebondissements, y compris cette année, qui nous ont obligés à revoir nos grilles de formation plusieurs fois depuis 2014. Puis il y a eu la mise en application du Pacte pour un Enseignement d’excellence (avec le Tronc Commun, les plans de pilotage, les nouveaux référentiels…) auquel les enseignants ici ont forcément dû s’intéresser de près pour adapter leurs enseignements. Il y a maintenant la mise en application de la Réforme de la Formation Initiale, qui est un énorme chantier, avec en toile de fond la réforme des calendriers scolaires dans l’Enseignement Obligatoire, qui se doublera probablement entre 2023 et 2025 d’une réforme des calendriers de l’Enseignement Supérieur. Cela fait beaucoup de réformes en 10 ans. Nos équipes sont clairement fatiguées. Et pourtant, elles sont toujours là, investies, à se serrer les coudes, réellement impatientes de sortir des imbroglios de ces réformes pour se dédier pleinement au cœur de leur métier : enseigner et accompagner les futurs enseignants dans leur formation initiale. Cela reste une très belle mission pour eux. Ils ont conscience de leur impact et de leur responsabilité pour les générations à venir.

Un message pour les étudiants ou futurs étudiants qui projettent de devenir enseignants, dans ce contexte ?            

Oui. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes – et de moins jeunes – sont en questionnement sur le sens de leur activité professionnelle. Enseigner, c’est une mission qui a toujours eu du sens et qui en aura toujours, quoi qu’il arrive. Pour celui ou celle qui souhaite devenir enseignant ou enseignante, il s’agit dès lors moins de choisir une formation en trois ou quatre ans que de s’engager dans un projet de vie. 

Nous formons des enseignants depuis plus de cent ans. Nous nous sommes toujours adaptés et nous serons heureux de continuer à accompagner les projets professionnels des enseignants. 

 

Reportage RTC : https://www.rtc.be/video/info/enseignement/-nouveaux-masters-en-4-ans-pour-les-futurs-enseignants-_1516540_325.html

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