𝐀𝐮 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐇𝐄𝐂𝐡 : 𝐄́𝐫𝐢𝐜 𝐞𝐭 𝐌𝐢𝐜𝐡𝐚𝐞̈𝐥, 𝐥𝐞 𝐝𝐮𝐨 𝐝𝐮 𝐒𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞 𝐂𝐨𝐮𝐫𝐬
Au premier étage, derrière une porte discrète, les machines battent la mesure. Le papier s’empile, les reliures claquent, les syllabus se métamorphosent en piles ordonnées. Derrière le comptoir, il y a deux chefs d'orchestre : Éric et Michaël.
« Mon métier résumé en trois mots ? À votre service ! », lâche Éric, du tac au tac. Arrivé en 2007, il s’est d’abord défini par sa rigueur technique. Mais au fil des années, c’est l’humain qui a pris le dessus : « Avec le temps, j’ai appris à apprécier le contact. Je chambre les étudiants, on finit par connaître leur prénom. Certains m’embrassent dans les couloirs. »
À ses côtés, Michaël incarne l’autre moitié du duo : plus calme et réservé, il semble imperturbable : « Il ne s’énerve jamais, confie Éric. Moi je réagis vite, lui reste zen. C’est sa force. » Ensemble, ils affrontent les rushs de la rentrée, les marathons d’examens, les TFE à la pelle et ces pannes de machine qui surgissent toujours « au pire moment ».
𝐔𝐧 𝐭𝐡𝐞́𝐚̂𝐭𝐫𝐞 𝐝’𝐢𝐦𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
« Ici, c’est la cour des miracles », résume Éric. L’imprimerie voit passer de tout : syllabus oubliés, fichiers mal nommés, documents à traiter en urgence : « On débloque des situations, on rattrape des impressions ratées ailleurs. On est là pour les étudiants. »
Et parfois, lorsque l’imprimerie tourne au ralenti, l’absurde s’invite au comptoir. « Une étudiante m’a déjà demandé d’imprimer des cartons d’anniversaire avec des hommes tout nus », se marre-t-il. D’autres impriment plus d’étiquettes Vinted que de notes de cours : « Je les appelle Monsieur et Madame Vinted »
𝐄𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐭𝐫𝐞𝐬𝐬 𝐞𝐭 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐧𝐢𝐭𝐞́
Mais derrière l’humour, il y a le poids du quotidien : « Le premier jour de la reprise, j’ai sorti 25 000 copies d’examens et répondu à 177 mails. Dans ces cas-là, je me mets dans ma bulle, en pilote automatique. » Le stress est contagieux : « Pendant les TFE, j’ai eu un torticolis monumental. On est des éponges : 20 ou 30 étudiants tendus dans la journée, ça finit par peser. »
Et il y a aussi ces moments où l’imprimerie devient un lieu de confiance. Éric raconte l’histoire de cette étudiante venue imprimer du matériel didactique pour ses stages. Au moment de payer, elle a craqué : « Elle m’a dit qu’elle n’aurait plus de quoi manger, puis s’est mise à pleurer. » Touché par la situation, Éric a pris le temps de l’écouter et l’a immédiatement orientée vers le Service social : « C’est leur rôle d’accompagner ce genre de difficultés. » Ce jour-là, c’est le lien humain qui a prévalu, et le relais institutionnel n’a pas tardé.
𝐏𝐥𝐮𝐬 𝐪𝐮’𝐮𝐧 𝐬𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞, 𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐬𝐞𝐧𝐜𝐞
Ce que les étudiants ignorent souvent, c’est que derrière le comptoir, il ne s’agit pas seulement d’imprimer : « On fait beaucoup de coaching, en fait », note Éric. Conseils de mise en page, dépannage graphique, astuces de présentation : « J’ai déjà aidé à corriger des affiches, ou même des lettres de motivation. Quand j’ai le temps, je le fais volontiers. »
L’imprimerie a aussi ses règles : privilégier les fichiers PDF, nommer clairement les documents, anticiper les délais, recharger sa clé XAFAX pour ne pas bloquer la file. « Et surtout, comprenez que si je ne réponds pas tout de suite, c’est que je suis déjà en train d’abattre un gros tirage », insiste Éric.
𝐃𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐩𝐢𝐞𝐬 𝐞𝐭… 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫𝐞𝐬
Chaque année, ce sont des centaines de milliers de pages qui sortent des machines. Noir et blanc à 0,03 €, couleur à 0,25 €, TFE reliés à 0,15 € la page : des tarifs étudiés pour rester accessibles. L’imprimerie, c’est aussi la plastification, le scan, la reliure.
Un point essentiel à rappeler : le respect des horaires. Le service fonctionne de 8h00 à 12h00 et de 12h30 à 16h00. Pour faciliter le travail d’Éric et Michaël et leur permettre de souffler un peu, merci d’éviter d’arriver à 11h57 avec une vingtaine de fichiers à imprimer… Ils n’ont que 30 minutes pour prendre leur pause de midi !
Dans le tumulte de la rentrée, l’imprimerie reste ce lieu un peu à part, où les pages deviennent syllabus et où les sourires reviennent malgré la fatigue. Deux hommes, beaucoup d’humour, une patience parfois mise à rude épreuve, mais toujours la même promesse : « À votre service. »